L’argent chez les développeurs

L’argent chez les développeurs

L’argent est important. Dire le contraire est un peu hypocrite. Personne ne travaille que pour le plaisir. Alors, en tant que développeur, comment se positionner niveau salaire ? Et surtout, comment obtenir le salaire que tu veux ?

La ruée vers le dev

C’est un secret pour personne, y’a de l’argent à se faire en tant que développeur. Beaucoup de monde, à tort ou à raison, s’est intéressé à ce métier pour cette raison. Et je suis pas là pour juger. Mais c’est une réalité qu’il faut souligner.

Et souvent, quand on parle de salaire chez les développeurs, on prend tout de suite comme exemple les extrêmes. Tu comprends, il faut faire rêver les gens. On parle des salaires de barjos de développeurs américains dans une FAANG comme Google.

200 K $ US pour un junior et jusqu’à 500 K $ US pour un lead tech. Et ces chiffres, c’est pas des conneries. C’est réel. C’est juste que la Silicon Valley, c’est un monde parallèle pour les développeurs. Je parlais déjà de tous cas dans l’article sur la considération des devs en France.

Et c’est en prenant les échelles de ce monde parallèle qu’on te présente ce métier. Ça marche pas exactement comme ça dans le monde réel.

Dans le vrai monde réel de la réalité véritable

Mon premier salaire en tant que développeur web, débutant, en tant qu’employé d’une PME, en France, en province (Lyon), était de 27K EURO brut.

En sortant à peine de mon stage c’était pour moi une pluie d’argent qui me tombait dessus. À ce moment-là (2011), par rapport à mon niveau, ma ville, et la valeur que j’apportais à l’entreprise, je trouvais ce salaire tout à fait acceptable.

En plus, on m’a promis une augmentation à la fin de l’année. Y’a plus qu’à bosser comme un fou et récupérer tout ça, génial !

Tu t’y attends, il s’est passé ce qui passe partout, tout le temps, pour tous les types de métiers, dans toutes les entreprises qui promettent plein de choses. J’ai pas eu mon augmentation.

Je me suis dit que c’était de ma faute. Il fallait que je travaille plus pour avoir ce que je voulais. Et c’est dans cet état d’esprit que j’ai commencé à travailler vraiment énormément !

Une autre année passe. Je commence à envoyer du pâté. Je connais par cœur les systèmes de l’entreprise, et de manière totalement autonome je ship projet sur projet. J’étais sûr, cette fois que ça allait payer !

Mais non. À la fin de la seconde année, déception. Toujours pas d’augmentation.

Comment obtenir le salaire que tu veux ?

Après deux/trois ans d’expérience en tant que développeur, quelque chose d’important change. Ton Linkedin se met à clignoter de plus en plus. Tu commences doucement à recevoir des propositions de job et/ou de rencontre.

Je décide de répondre à une de ces entreprises qui me contactent. Et le truc central à comprendre c’est que je suis en position de force à ce moment-là.

Je suis un en CDI et rien ne presse. S’ils me disent non pour le poste, ça change rien pour moi. Si le salaire proposé ne me va pas, je me casse, et ça change rien pour moi. Ce détail va être important pendant la négociation du salaire.

Je me suis retrouvé à la fin du processus de recrutement avec une promesse d’embauche à 33K EURO brut. Avec ce papier en main, je suis allé voir mon entreprise pour démissionner. Ils se sont tout de suite alignés.

Ce qui était complètement impossible pendant 2 ans a été mis en place en l’espace de 30 minutes.

Rien de surprenant

Au-delà de tout argument type « je travaille pas que pour l’argent », « j’aime mon entreprise et mes collègues » que je comprends tout à fait. Si ton objectif c’est l’argent, alors c’est de loin le moyen le plus rapide et efficace pour atteindre le salaire que tu souhaites.

Ça marche pareil pour n’importe quel métier. La fortune sourit aux audacieux.

Mais il y a quand même deux choses qui diffèrent dans le domaine des développeurs.

  • Le marché des développeurs, pour les niveaux intermédiaire et expérimenté, est toujours très fort (même avec une pandémie mondiale grâce au remote). Et ce marché permet des augmentations beaucoup plus impressionnantes que dans les autres domaines.
  • Avec ce marché fort, beaucoup d’entreprises font tout pour ne pas s’aligner. En pariant sur le fait que, soit tu connais pas le marché, soit tu as peur de changer de travail. Ce qui nous amène à des inégalités de salaire incroyable un peu partout.

Au début de cette année 2020, un tweet venant d’un dev mobile aux États-Unis à déclencher un incroyable phénomène mondial. Pour lutter contre les inégalités dont je viens de te parler, ce développeur dévoile publiquement son salaire annuel.

Pay inequality is a big problem in tech, especially for underrepresented groups like women and minorities. The best way you can help is by sharing yours. I’ll go first.

Ça sera alors repris par tous les développeurs dans le monde entier avec le hashtag #KnowYourWorth. Je te laisse aller voir les réponses de ce tweet et les tweets du hashtag pour te rendre compte de l’ampleur que ça avait pris.

C’est allé si loin que quelqu’un à récupéré tous les salaires publiés sur ce hashtag. Il en a fait un Excel public avec le salaire de 700 développeurs à travers le monde !

Les inégalités étant folles, beaucoup de développeurs ont halluciné en voyant qu’ils étaient horriblement sous-payés. Pour éviter que ça t’arrive, il faut que tu saches comment te positionner.

Comment te positionner ?

Quand je t’ai parlé de mon tout premier salaire, j’ai commencé par préciser plein de choses.

  • Le titre (développeur web, mobile, frontend, backend etc etc)
  • Mon expérience professionnelle
  • Mon statut (salarié, freelance, etc etc)
  • Le pays
  • La ville

Chacun de ces points est ABSOLUMENT crucial à prendre en compte pour te positionner. Il faut comparer ce qui est comparable.

Le salaire pour le même travail en province est plus bas qu’à Paris. Un salaire à Paris est plus bas qu’un salaire aux États-Unis. Le top de la chaine alimentaire étant une toute petite zone aux États-Unis qu’on appelle la Silicon Valley.

Je vais t’expliquer comment personnellement je fais pour me positionner.

  • Ne pas prendre en compte la grille de salaire de ton entreprise.

Cette grille est un mur imaginaire mis en place par ton entreprise. S’ils ne peuvent pas s’aligner sur le marché, c’est leur problème, pas le tien. Ne tombe pas dans le piège de te dire « ça va » car tu es bien payé par rapport à tes collègues. On s’en fout.

  • Regarder sur les plateformes où les salaires sont publiés par de vraies personnes.

Je regarde aussi les études faites par des cabinets d’études, mais je m’en méfie beaucoup. Rien ne vaut une masse de vraies personnes qui publie leur salaire de façon anonyme. Les deux plateformes les plus fiables que je regarde toujours pour les salaires :

  1. Glassdor https://www.glassdoor.fr/Salaires/index.htm
  2. Indeed https://www.indeed.fr/salaries

Tu peux chercher précisément par poste et par ville. Et surtout tu peux le voir spectre du plus bas au plus haut salaire. Ça c’est important.

Garde en tête que ça reste un échantillon. Ici, c’est juste 300 personnes. À Paris, je te promets qu’il ya des gens avec le titre de développeur qui sont payés beaucoup plus que 56K. Mais tout ceci aide au positionnement.

  • Se concentrer sur la source la plus pertinente pour ta spécialité/titre.

Un bon exemple est le baromètre des salaires du PHP pour les développeurs PHP. Ou alors celui de Malt pour les développeurs freelance. Google te trouvera très rapidement ta source ultime par rapport à ce que tu fais.

Une fois ça trouvé, prend le plus gros salaire accessible et garde le en tête pour le moment de la négociation.

  • Jouer le jeu de la négociation.

Je sais que c’est là que beaucoup de développeurs échouent. Je vais pas te mentir, je ne suis pas non plus un spécialiste à ce jeu-là. Et pour être tout à fait honnête, je déteste ce jeu-là. Mais j’ai pas le choix.

Quand je dois y jouer, je respecte toujours deux règles.

  1. Toujours être en position de force. Si le poste m’est refusé, rien à foutre, next.
  2. Toujours demander plus haut que ce que je veux. Car mon interlocuteur a de toute façon prévu de me donner plus bas.

Au fil des années, en respectant tout ça, dans un marché de l’emploi qui m’est favorable, c’est par à-coup brutal que je suis resté très satisfait de ma rémunération.

Bon, pour dire vrai, il n’a pas suffi que de ça¸. Car, pour être pris au sérieux il faut investir en soi et avoir un plan. C’est indispensable.

Investir en soi

Je pourrais écrire 20 articles rien que sur ce sujet. Et après, j’aurai encore des choses à te dire. L’article est déjà long, donc je vais faire court et te dire où trouver la suite.

En faisant évoluer mon salaire au fil des années, j’ai rapidement heurté deux obstacles majeurs. La plupart des gens ne passent pas ces obstacles et n’augmentent pas leurs salaires.

Apportez plus de valeur

Le premier obstacle c’est que pour avoir un meilleur salaire, il faut amener plus de valeur à l’entreprise. Pour amener plus de valeur à l’entreprise, il faut tout simplement être meilleur dans ce que tu fais.

Et ça, c’est vraiment la partie complexe. Ça prend du temps et surtout beaucoup de préparation.

En essayant de trouver des solutions à ce problème, je suis tombé sur un livre passionnant. Ça s’appelle « So Good They Can’t Ignore You« . C’est typiquement le livre que j’aurais aimé lire plus tôt. C’est un livre qui te donne des stratégies REDOUTABLES sur le court et long terme pour ta carrière. Car oui, il te faut un plan !

Je t’en avais déjà parlé dans l’article sur la passion de ce bouquin, mais je récidive. Il est trop important.

Il explique qu’on se passionne quand on devient bon à quelque chose. Pas le contraire. Et si tu arrives à déclencher le cercle vertueux décrit dans le livre, ta courbe de progression ne s’arrête plus. Ta courbe de progression accompagnera la courbe de ton salaire.

Mais il parle pas que de ça. Il te parle beaucoup du Craftman mindset. C’est absolument central pour un développeur qui veut évoluer.

Il te parle de la création d’un plan de carrière. Il te parle de succès, mais surtout d’échec. Il te parle de résultats, mais surtout d’analyse. Le plus tôt tu auras lu ce livre, le plus tôt tu auras un avantage décisif pour la suite.

La seconde compétence

Le second obstacle s’est présenté sous la forme d’une énorme claque dans la gueule le jour d’un test technique. Je suis arrivé très confiant, je suis reparti absolument anéanti. J’avais monumentalement échoué ce test. C’était horrible.

Et c’était pas le fait d’avoir échoué le test qui m’avait dégouté. C’est le fait que ce test n’avait absolument rien à voir avec le poste en question. Si tu comprends pas comment c’est possible, je t’invite à lire l’article sur les entretiens techniques.

En résumé le test portait sur des algorithmes obscurs que j’avais étudiés une fois à l’école et oubliés aussitôt. On te les ressort 10 ans plus tard et si tu peux pas les ressortir par cœur, t’es une merde. Il faut donc prendre soin de cette seconde compétence fréquemment pour être prêt en entretiens techniques.

Et pour ce faire, c’est simple, j’ai bossé le même bouquin que des millions de développeurs ont bossé avant moi : « Cracking the code interview« . Pas grand-chose à te dire à part que c’est le package entier au même endroit pour réussir ce genre d’entretien technique complexe.

Sans ce bouquin, c’est énormément de tests techniques que j’aurais lamentablement échoués. Ça a pris du temps, mais aujourd’hui ils ne me font plus peur.

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